Seule, je suis amenée naturellement à inventer, à créer du neuf, à défaut d'imiter les autres. Il dépend de moi seule de me hisser jusqu'à la conscience, jusqu'à la Source ou encore jusqu'à mon Soi intérieur. C'est une sorte d'Oraison au quotidien et un choix que je réactualise au quotidien.
De nature plaintive, je choisis de ne pas me faciliter la tâche délibérément et de ne pas me reposer sur les autres. Je choisis la liberté.
Inscrite dans la quête du Soi et sa compréhension profonde, la quête spirituelle se veut solitaire puisqu'elle nécessite une expérience vivante et personnelle décodée par l'épreuve du temps qui passe.
Depuis ma plus tendre enfance, j'ai du lutter contre la demande des adultes de m'adapter aux groupes, d'être socialement acceptable. Je n'ai jamais abdiqué d'après moi et mes semblables. Je pensais que c'était par esprit rebelle mais en fait je crois être attirée par le bénéfice secondaire à l'asocialité. :-)
On fait passer le groupe, avant le sujet individuel et responsable, comme la charrue avant les boeufs, et on construit une fausse identité fragile et dépendante de la communauté.
Je dis fragile car dans notre chère idée de l'éducation occidentale, nous oublions d'ouvrir l'enfant à son identité personnelle, nous oublions d'insuffler le discernement mais également d'apprendre le Silence et la joie sans objet. Il faut toujours quelque chose de plus, il faut voyager, il faut des nouveaux objets de détournement à soi, il faut être avec les autres, s'insérer, à tout prix. Ne peut-il pas y avoir un équilibre, un juste milieu, où l'enfant peut développer son Soi et la conscience collective ? Pourquoi dès qu'un enfant choisis la solitude dans la cour, il est qualifié de "bizarre", pourquoi serait-il égoïste?
Plus un homme élève sa conscience et sa perception du monde non polarisée, plus nombreuses sont les privations qu'il doit s'imposer au départ. Dans l'espace de la Conscience, il n'y a de la place que pour l'humain solitaire puisqu'aucun mot ne peut décrire ce qu'il y vit. Certains s'exercent à mettre en mot l'Eveil de la Conscience mais il n'y en a pas car cela ne se partage pas, cela s'expérimente. Et plus l'humain sera entier (pas de compris, et non dualisant), moins il est quelqu'un d'autre que lui-même.
La traversée de la solitude ne débouche pas, comme la société nous le fait croire, sur le néant mais sur notre propre renaissance. Oui, nous nous occupons de faire naître l'Être que nous sommes et c'est du travail! ET tant que nous orienterons les êtres humains dans une fausse idée de communauté (attachés à des institutions de toutes sortes, entourés de propos dissonants et hypocrites, et entourés de personnes qui privilégient la vie à tout prix au détriment du Vivant), nous aiderons l'être humain à nier sa propre nature sauvage et libre. Et l'être sera maintenu dans sa peur, notamment dans sa peur de mourir dans la souffrance et la solitude, bien dociles et tremblants avec un smartphone à la main.
La solitude n'est pas marquée par la tristesse; et je le répète, ce n'est pas l'isolement. Mais elle a la connaissance de la saveur de l'amour partagé, la connaissance de la beauté, et des choses essentielles. La solitude permet, par un exercice d'attention au quotidien, de parvenir finalement assez naturellement à voir les choses pour ce qu'elles sont, sans en faire une histoire. Chaque ÊTRE qui vient au monde est à part, et, respecter sa solitude est le plus grand respect que nous puissions lui accorder.
En gros, la solitude est le contraire de l'égocentrisme, du repliement sur soi et de la revendication pour son petit moi. Le solitaire a le temps d'observer, goûter, lire, écouter, créer et réfléchir à sa condition humaine. L'esprit de solitude nous sauve de l'ignorance et de l'abrutissement proposé ces dernières décennies comme solution à nos bobos mentaux et physiques. En outre, force est de constater que l'être solitaire ne cherche pas au moindre désagrément une oreille attentive à ses plaintes, il ne rend pas l'autre responsable de sa faiblesse et de ses incompétences, il ne peut exercer sur personne un chantage affectif.
Om
Satya.
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