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L'éveil - Jean Klein

A propos des expériences perçues comme étant l'Eveil - selon l'enseignement de Jean Klein :


" Tôt ou tard, le samadhi expérimenté comme vide révélera sa dualité et la nostalgie de l'unité apparaîtra. Comme cette rencontre avec la vacuité est quelque chose d'absolument nouveau, il est facile de la confondre avec la réalisation. On a tendance alors à se fixer dans cette vacuité qu'on a appris à provoquer, car il est réconfortant d'arriver à calmer l'ego et de savourer ce vide. Mais il ne faut pas confondre la saveur que donne un mental apaisé avec l'Expérience dont je parle ici : cette saveur est encore un objet et il reste à l'abandonner, à franchir la dernière étape, car le yogi qui ne débouche pas sur l'Expérience est dans une situation qui peut être considérée à un certain point de vue comme pire que celle de l'homme ordinaire. En effet, quand il revient de l'expérience samadhique à celle des objets habituels momentanément éliminés par une technique volontaire, il risque de les retrouver avec une virulence accrue."

Le samadhi, cet état de conscience altérée souvent recherché par les pratiquants de méditation, est souvent perçu comme l'apogée de la spiritualité. Un état de vide, de paix absolue, où l'ego s'efface. Pourtant, comme le souligne si justement ce texte, cette expérience, bien que salutaire, peut être trompeuse.

Il est facile de se laisser bercer par cette sensation de vide, de croire que l'on a enfin atteint l'illumination. Mais cette vacuité, aussi réconfortante soit-elle, est en réalité une illusion. C'est un état provoqué, une pause dans le flux incessant de la pensée, mais ce n'est pas l'Expérience ultime.

Pourquoi ? Tout simplement parce que cette vacuité est encore un objet de notre expérience. Nous la recherchons, nous la savourons, nous nous y accrochons. Or, l'éveil spirituel ne réside pas dans l'atteinte d'un état particulier, mais dans la transcendance de tous les états, y compris celui du vide.

C'est un peu comme si l'on cherchait à éteindre un feu en le couvrant de cendres. Le feu est momentanément maîtrisé, mais il sommeille toujours sous la surface. De même, le mental peut être apaisé par la méditation, mais ses tendances à s'agiter et à créer des concepts ne disparaissent pas pour autant.

Le danger de s'arrêter au samadhi

Se fixer dans cet état de vacuité peut sembler paradoxal, mais c'est un piège fréquent. En effet, en s'identifiant à cette expérience, on risque de créer une nouvelle forme d'attachement, tout aussi limitante que les anciennes.

De plus, en revenant de cet état de paix artificielle au monde ordinaire, on peut ressentir une frustration encore plus grande. Les pensées et les émotions, loin d'avoir disparu, semblent alors d'autant plus intenses. C'est comme si, en goûtant à l'eau pure, on devenait encore plus sensible à la salinité de l'eau de mer.

Alors, comment aller au-delà ?

Pour dépasser cette illusion de réalisation, il faut aller plus loin que la simple expérience du vide. Il s'agit de dissoudre non seulement les objets de notre expérience, mais aussi le sujet qui expérimente. C'est là que réside la véritable liberté, celle qui ne dépend d'aucun état particulier.

Cette dernière étape est souvent la plus difficile, car elle exige un lâcher-prise total, une confiance absolue en l'univers. Mais c'est aussi la plus gratifiante, car elle ouvre les portes à une expérience de l'existence infiniment plus vaste et plus profonde.

En conclusion, le samadhi est une étape importante sur le chemin spirituel, mais ce n'est pas la destination finale. Il est essentiel de ne pas s'y attacher et de continuer à explorer les profondeurs de notre être. En relâchant toute préhension, nous pouvons alors accéder à un état de conscience pure et illimitée.


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