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La confusion sur le Hatha Yoga / Raja Yoga

Voici le thème qui a été abordé ce dimanche.

Retranscription pour ceux qui sont intéressés :


Les 5 Yamas et 5 Niyamas, et les autres pratiques qui constituent la « technique » du Yoga ont été définies par Patanjali, le sage qui a codifié tout cela.

Patanjali a vécu au IIème siècle avant J.C. Sa classification est celle qui a été retenue dans beaucoup de discours d’aujourd’hui (surtout dans les écoles où on forme les professeurs de yoga - c'est souvent le seul texte "traditionnel" qu'ils ont lu) ... en laissant de côté les upanishads. Pratique et claire, cette classification est assez visuelle.

Ce « Yoga de Patanjali » porte le nom de « raja Yoga » (ou Yoga Royal) dont on parle souvent.

Dans les Yoga Sutras écrits par Patanjali, le Yoga y est défini comme la capacité de suspendre, d’arrêter (nirhoda) tous les mécanismes, automatismes, fluctuations et tourbillons (vritti) du psychisme (chitta) afin d’ « établir le contemplateur dans sa propre nature », autrement dit dans un état de pure conscience (samadhi). Ceci explique pourquoi, lorsqu’on est en fin de séance de Yoga, pendant la phase de relaxation ou de méditation où l’espace intérieur est plus apaisé, cet arrêt du mental, ce calme intérieur est un retour à notre état naturel. Finalement, un retour à notre nature profonde, sans les fluctuations du mental qui l’obscurcissent. La définition de Patanjali est en effet véritablement la définition (le but ?) d’une pratique de Yoga : se connecter à sa nature profonde, la pure Conscience. C’est bien le problème de cet enseignement, c’est qu’il propose un but… !!!


Pour ceux qui n'ont pas reçu l'enseignement complet des Yamas et Niyamas ou simplement ceux qui l'ont reçu de façon scolaire, les voici sous un angle quelque peu différent :



YAMA — LES REFRENEMENTS

Ces règles contiennent certes un sens moral, mais quelque peu différent de celui qui est familier à l’occident; elles contribuent avant tout à écarter les causes de trouble et d’agitation qui font obstacle au développement spirituel.

Patanjali en dénombre cinq. (y.s.II.3O)


1. AHIMSA — la non-violence, qui exige non seulement l’abstention de causer des nuisances et de la douleur aux êtres vivants ou de participer à leur asservissement et à leur destruction, mais surtout prétend déraciner de l’instinct le désir du meurtre et de la souffrance. Le commentaire de Vyâsa précise que tous les « refrènements » et toutes les « disciplines » contiennent l’idée de non-violence et que leur observance la rend plus authentique. Quand Ahimsâ devient naturelle les sentiments d’hostilité disparaissent : « en présence de celui qui a adopté la non-violence, tous les êtres renoncent à l’inimitié ». (y.s.II.35) Ce pouvoir s’appelle Bhûtasiddhi.


2. SATYA — La véracité. Il ne suffit pas de s’abstenir de dissimulation, de mensonge, de tromperie ou de calomnie, mais de conformer la parole juste à l’acte juste. Est juste, l’acte dépourvu d’égoïsme et qui n’entraîne donc pas d’enchaînement de cause à effet ; qui s’éteint de lui-même et n’a pas de suite douloureuse. La véracité demande une réflexion et une attention soutenues ainsi qu’une absence totale de calcul.

« Celui en qui la véracité s’est établie obtient et maîtrise le fruit de ses œuvres ». (y.s.IIh36). Le pouvoir occulte qui en découle est appelé Vâcsiddhi: Pouvoir de la parole. Tout ce que dit le véritable yogin se réalise ou prend un aspect de vérité.


3. ASTEYA — L’honnêteté, l’abstention de vol. L’honnêteté parfaite consiste à éviter l’appropriation des biens d’autrui et à extirper l’envie de voler. Cela peut dans certaines conditions aller jusqu’au refus des avantages ou des cadeaux offerts. Et paradoxalement quand le lâcher-prise touche à la perfection, « celui qui prend pour règle la totale honnêteté voit les richesses venir à lui ». (y.s.II.37).


4. BRAHMACÂRYA — La continence. L’Anugîtâ définit le chaste, Brahmacârin, comme celui qui réside dans l’absolu (Brahman): « Celui qui, ayant dépassé l’action et les austérités, habite dans le suprême, le Brahman, est appelé Brahmacârin. Comme le Brahman, il voyage (cbri) par le monde. Le Brahman est son combustible. Il est son feu. Le Brahman est son siège et son eau purificatrice. Le Brahman est son maître. Il vit absorbé dans le Brahman ».

Tous les yoga insistent sur l’influence bénéfique des forces emmagasinées par la continence. La rétention volontaire de la « semence virile » facilite la concentration et conserve l’énergie vitale et nerveuse. Elle ne doit pas aboutir à un refoulement sexuel qui provoquerait le déséquilibre, ni même à la sublimation mystique, mais bel et bien à la destruction de l’idée, de l’émotion et de la sensation charnelle, au même titre que les états mentaux et les résidus subconscients sont « brûlés » par le feu de la réalisation contemplative. « Celui qui pratique la continence acquiert et contrôle l’énergie vitale ». (y.s.II.38 ).

La tâche s’avère plus ardue chez les individus possédant une puissante sexualité, mais l’énergie accumulée par la continence leur apportera alors une intensité d’expérience proportionnelle à l’ardeur de leur tempérament. Le yogin tantrique de la « voie de la main gauche » (kaula) va encore plus loin dans la difficulté ; jouant avec le feu il se sert du désir sexuel et de l’acte lui-même (maîthuna) comme véhicule pour parvenir à l’unification, en s’interdisant absolument l’éjaculation. En dehors de ces particularismes, une véritable chasteté impose le célibat permanent, sans accouplement.

Cependant, pour ceux qui ont choisi de vivre avec un conjoint, ou qui n’observent pas la complète abstinence, l’acte sexuel est admis en dehors des périodes d’intense pratique. Il reste en tous cas, préférable à une abstention frustrante et mal vécue.En commentaire au verset 61 du chapitre I de la Hatha yoga Pradîpikâ, Brahmânanda précise à ce sujet: « . . .en dehors du temps de pratique assidue, il n’est pas interdit de s’unir avec son épouse...»

On doit noter malgré tout que de rares textes négligent totalement la continence, mais cela est assez inhabituel dans le yoga classique. (Cf. Yoga Kundalinî Upanisad, 56.)


5. APARIGRAHA — La pauvreté, la privation de biens. La possession engendre la violence et l’organisation stupide et contraignante de la défense de la propriété qui va jusqu’à la guerre. On ne peut posséder sans priver les autres et c’est une source d’attachement. L’indépendance est fortement compromise par la possession, mais aussi par les dettes ou les obligations envers ceux qui nous procurent des biens ou nous offrent des cadeaux. C’est pourquoi le yogin évite de recevoir des dons. Si par hasard il accepte, il ne doit rien.

Quand l’esprit de non-possession s’enracine au plus profond de l’être, survient le pouvoir occulte du souvenir de ses naissances : « celui qui respecte une stricte pauvreté se souvient de ses vies antérieures » (y.s.II.39).

Certaines différences apparaissent dans les Upanishad du yoga et les textes plus tardifs. Généralement des règles secondaires s’ajoutent à celles énoncées par les Yoga sûtra, mais les principaux refrènements se retrouvent partout, sauf la pauvreté et très accessoirement la continence. Ce qui importe dans la pratique des Yama n’est pas la privation par elle-même, mais l’esprit de détachement vis à vis des passions et des penchants égoïstes.


NIYAMA — LES DISCIPLINES


Egalement au nombre de cinq chez Patanjali, les Niyama s’appliquent plus spécialement à ceux qui orientent leur vie vers la recherche spirituelle. Ces disciplines contribuent à la conversion, au retournement de nos penchants naturels et engagent vers le détachement. Grâce à elles nous pouvons risquer une première tentative fructueuse pour faire sauter le verrou du Karman qui réduit le « vieil homme-» à l’état d’animal domestique (pashu).

1. SAUCA, la purification extérieure et intérieure. La purification commence par le rejet du laisser-aller qui exige une propreté corporelle et vestimentaire scrupuleuse; elle se poursuit par le choix d’un lieu propice, aménagé pour y vivre et y méditer dans les meilleures conditions possibles, et selon l’orientation favorable (au nord pour dormir, à l’est ou au nord pour pratiquer l’exercice). Le Hatha yoga insiste beaucoup sur la purification des voies naturelles et des organes et sur la nécessité d’éliminer les déchets et toxines qui s’accumulent dans le corps par les actes de purgation appelés Satkarman. Le régime alimentaire végétarien, la sélection et la préparation de la nourriture font partie de cet élément des Niyama.

La purification intérieure demande un travail constant de lutte contre les impuretés de l’esprit : colère, sensualité, agitation, envie etc. La satisfaction de soi ne résulte nullement de ces pratiques comme on pourrait l’imaginer. En réalité, « la purification provoque l’aversion de son propre corps et l’absence de contact avec autrui. On y gagne en outre la pureté lumineuse du mental (sattva) la concentration, la conquête des sens et la capacité de réaliser l’âme universelle (âtman) » (y.s.II.40-41).


2. SANTOSHA, la sérénité, le contentement. La sérénité est un état d’équanimité vis à vis des opposés. L’esprit n’a nul besoin d’être affecté par la joie ou la douleur, le succès ou l’échec, la sympathie ou l’hostilité. Aucune nécessité n’impose jamais de se laisser emporter par la passion, l’exaltation ou le désespoir. « La sérénité procure le bonheur parfait » (y.s.II.42).

3. TAPAS, l’ascèse, l’austérité. Ainsi que nous l’avons remarqué au sujet des obstacles les avis concernant l’ascèse sont partagés. Il semble surtout important de préciser ce que l’on entend par austérités. S’il s’agit de mortifications abusives pouvant causer des troubles ou des lésions, il convient d’être très réservé sur ces méthodes parfois absolument contraires à l’esprit du yoga. L’excès de rigueur, autant que la mollesse est très contesté. Même Vyâsa (ad. y.s.II. 1) souligne que Tapas doit être pratiqué avec modération et sans nuire au calme du mental. Il ajoute que l’ascèse signifie avant tout tolérance envers les contraires et impassibilité.

Patanjali insiste cependant sur cet élément des Niyama qui peut devenir un yoga à lui seul : le Kriyâ yoga, voie de l’action sacrificielle et de la purification, réduisant les sources de souffrances. Le travail sur soi constitue de toute façon un moyen indispensable de contrôle physique et psychique, extrêmement roboratif et capable de dévoiler des facultés inhabituelles et cachées (cf. Vyâsa ad. y.s.II.43). « L’ascèse donne des pouvoirs spéciaux au corps et aux sens. Elle détruit l’impureté » (y.s.II.43). Plus largement interprété, Tapas englobe souvent l’ensemble des quatre premiers degrés (yama, niyama, âsana et prânayâma).


4. SVÂDHYÂYÂ, l’étude du Soi (l’âme individuelle et non l’égo) à travers l’étude des Ecritures sacrées. Le terme Svâdhyâya signifie précisément étude des Veda et répétition des formules hermétiques (mantra) ainsi que de la syllabe OM. Cette discipline comporte aussi l’approfondissement de la métaphysique du Yoga Darhsana. « L’étude des Ecritures et des formules sacrées nous permet le contact direct avec notre divinité tutélaire. » y.s.II.44.

5. ÎSHVARA PRANIDHÂNA, l’abandon complet à Dieu sous l’aspect d’Îshvara, le Seigneur suprême et transcendant.

Il faut entendre par Pranidhâna, l’attention soutenue sur le principe divin qui a pour effet l’abolition de l’ego. On a vu que pour la grande majorité des yoga qui proposent la maîtrise des fonctions physiologiques et mentales, le rôle de Dieu était modeste, sinon même insignifiant (hatha, râja, laya jnâna yoga). Mais pour ceux qui suivent la voie de la dévotion et de l’amour —Bhakti yoga — cette règle devient la plus importante et souvent, la seule nécessaire. Patanjali la mentionne plusieurs fois, soucieux de présenter toutes les orientations capables de mener à la réalisation ; les commentateurs tardifs, Vâcaspati Mishra et Vijfiâna Bhiksu lui réserveront une place de plus en plus prédominante pour répondre à la vogue des grands courants mystiques de leur époque. « Si on s’abandonne complètement au Seigneur suprême, on parvient au Samâdhi » (y.s.II.45). Ce Yoga de Patanjali était celui des personnes dont la voie spirituelle était le centre de vie, vivant retirées ou en ashram, des religieux. On peut dire que ce Yoga-là correspondait à une étude froide des fonctionnements de la pensée. Alors que fait le pratiquant occidental, rajasique, inscrit dans la vie quotidienne du monde? Pourtant, tout ce dont on parle aujourd’hui, toutes les notions qu’on attribue au Yoga aujourd’hui, et que bien d’autres pratiques utilisent, que ce soit le corps subtil ou corps énergétique, les chakras, etc, n’ont pas été proposés par ce Raja Yoga mais par….le Tantrisme !

Le tantrisme est d’apparition un peu plus récente (Vème ou VIème siècle). Celui dont je parle est celui qu’on appelle tantrisme classique, par opposition à celui qu’on appelle néo tantrisme d’apparition encore plus récente (années 60). Malheureusement (mais peu importe, on fait avec mais disons qu’on se sent un peu obligé de le préciser), il y a une confusion et une incompréhension sur le mot Tantrisme. Si vous tapez ce mot sur google, il y a de fortes chances pour que vous tombiez sur des histoires croustillantes et de nature sexuelle. C’est même certainement ce que ce mot vous évoque au premier chef. On trouve ce mot partout, parfois même dans les magazines, dans des conférences concernant le couple, parfois associé avec une notion d’extraordinaire expérience sensuelle.

Comment résumer cette situation inextricable dans laquelle le monde du Yoga est tombé progressivement sans m'embourber moi-même ? Hahaha ! Pour faire court et clore le sujet et la confusion sur la connotation sexuelle, nous allons résumer ainsi : Le tantrisme classique est donc né vers le Vème siècle dans la vallée du Cachemire et il correspond à la conception la plus originale du potentiel humain jamais proposé. Mircea Eliade, l’historien des religions, l’a qualifié « de plus grandiose création spirituelle de l’Inde post bouddhiste ». Il porte même le nom de "Splendeur". C’est un enseignement extraordinaire, cartographiant la Conscience d’une façon profonde, nous menant au centre de notre essence, dans un voyage vers la Réalité, l’Absolu. Ce tantrisme là porte le nom de Tantrisme Classique, mais son vrai nom est le Tantrisme Shivaîte du Cachemire (ou Shivaïsme du Cachemire).


Il est basé sur la relation entre Shiva (la Conscience) et Shakti (la force créatrice) qui fait que le monde manifesté, tout ce qui est créé et existe correspond à une expression de la Conscience. Tout a une cause. Ces notions de Conscience et d’Energie créatrice sont symbolisées par deux personnages Shiva et Shakti (qui est non pas son épouse mais sa facette féminine - ils sont 2 mais ne font qu’un, c’est pour cela que les gens confondent souvent et croient que Shiva est une femme, ce qui est faux….).


Conscience et Energie sont tant liés qu’ils sont représentés symboliquement soit comme un couple enlacé (bien collés serrés puisqu’ils ne font qu’un…), soit comme un être mi homme mi femme puisqu’ils sont intimement liés. Et là, patatras…….un couple enlacé, réputé être en union …. Pris au premier degré, cela donne une histoire de couple en train de faire crac crac.


Certaines sectes (et le mot n’est pas péjoratif dans les pays orientaux) avaient recours à une union sexuelle ritualisée au possible, et vraiment très particulière, avec récitation de tout un rituel, qui porte le nom de Maithuna, mais c’était très minoritaire et appelé "Voies de la main gauche", par opposition aux "Voies de la main droite", largement majoritaires, qui ne faisaient pas cela. Mais l’occident n’a vu que cela et surtout n'y a rien compris!

Il en a fait une joyeuse salade sensée amener les couples dans l’espace frétillant de la joie conjugale. Résultat, lorsqu’on parle de Tantrisme, il faut prendre des pincettes. Alors on ne prononce pas le mot… Alors on reste dans le mot Yoga. On utilise au mieux le mot Hatha Yoga qui est le Yoga tantrique. C’est véritablement une notion qui a été mécomprise et salie par les occidentaux, jetant le discrédit sur cette Tradition.

Alors comment différencier le Yoga tantrique du Yoga non tantrique? En Occident, je pense qu’on ne peut plus tant tout est mêlé et pas toujours compris. Ou alors vous tombez sur un Tantrika qui étudie vraiment avec un Maître et qui porte l'humilité comme on porte un enfant. Alors c'est quoi finalement le Hatha Yoga?

Le Pranayama (le travail sur le souffle) devient la technique centrale de la pratique. A l’étude du fonctionnement froid de la pensée dans le Yoga de Patanjali se substitue maintenant une notion de corps énergétique (aussi appelé corps subtil) de l’être humain, qui est une sorte d’hyperphysiologie subtile, en rapport avec nos émotions. Patanjali n’ignorait pas cela mais il le jugeait accessoire par rapport à son but quand il a écrit sa codification. Le Hatha Yoga devient une pratique de puissance puisqu’il est maintenant établi que le corps physique et le corps d’émotion (au sens de l’ensemble de nos émotions, le « corps énergétique ») sont liés et fonctionnent ensemble (on ne sépare plus l’humain de ses émotions). Alors le Hatha Yoga va se charger de fortifier le corps, pour que la santé soit meilleure et avoir un effet aussi sur la gestion des émotions et inversement, renforçant donc ce « corps énergétique ».


On travaille aussi sur ce corps énergétique (ce corps d’émotion) en travaillant sur les chakras, sur les nadis (qui correspondent à peu près aux méridiens d’acupuncture) sensés faire circuler notre énergie vitale dans tout notre corps. On fait une belle place aux Mudras (ces gestes des mains) et aux Mantras qui deviennent véritablement centraux, on utilise les formes qui portent le nom de Yantras. C'est la base du Yoga. Les Tantrikas ont été considérés comme des semeurs de troubles, des délinquants spirituels du fait de toutes ces révolutions au V ième siècle... et surtout du fait que l’expérience prend le pas sur les dogmes. Et le Yoga Tantrique porte aussi le nom de Yoga Royal….les vilains farceurs, comme le Yoga de Patanjali, d’où de nombreuses confusions, l’un étant pris pour l’autre. C’est pas grave en soi….mais bon…."rendons à César ce qui appartient aux Tantrikas!" ;-) Les Yamas et Niyamas sont donc au nombre de 10. Et les Tantrikas, ayant exploré d'autres éléments de la conscience, ils ont quelque peu rendus plus complexes ces 10 observances... Disons qu’aux Yamas et Niyamas classiques, les Tantrikas les intrepretent autrement et en rajoutent d’autres à inclure dans sa pratique : - Kshama, la patience à supporter toutes choses agréables ou désagréables, qui est aussi dans certains contextes, l’inclination à pardonner - Dhriti, la fermeté d’âme, la constance dans l’adversité et la prospérité - Dayâ, la bonté et la compassion - Arjava, la simplicité et la droiture - Mitâhâra ou la modération dans la nourriture (l’excès de nourriture pouvant détraquer la santé sans aucun bénéfice spirituel) - Dâna qui est l’obligation de faire des dons ou des aumônes à la mesure de ce qui a été légitimement acquis - Hrî qui est le sentiment ressenti si on agit à l’encontre du sacré (un peu un sentiment de honte, en tout cas d’inconfort intérieur) - Mati, la compréhension juste, intuitive de la pensée - Japa, la répétition méditative (et non pas mécanique et distraite) des mantras - Huta, certaines formes d’intériorisation de pratiques. Il est compréhensible qu’on laisse ça de côté et qu’on se limite à la vision plus légère de Patanjali. Voilà un peu expliqué, le contexte du Yoga. Juste un dernier élément, assez extraordinaire… Les anciens Yogis se sont rendus compte que tous les évènements importants de notre vie, tout ce qui génère en nous des émotions importantes, des actes importants ont leur siège dans notre tronc, selon un axe vertical. Observez : la naissance d’un enfant se produit par la base du tronc, c’est une sortie. La procréation se situe un peu plus haut, dans le bas ventre. Les émotions fortes nous créent des papillons dans le ventre et de même, l’inquiétude qu’on peut ressentir physiquement dans notre ventre, l’amour et les palpitations sont attribués au cœur, le fait de parler est au niveau de notre gorge. Le fait de penser est derrière notre front puisque quand on est concentré, on fronce parfois les sourcils. Et quand on se connecte avec l’Infini, le transcendant, la sensation est au dessus de la tête, la fontanelle. - L’ouverture de la base, mulhadhara chakra - Le bas ventre, svadisthana chakra - Le ventre, manipura chakra - Le cœur, anahata chakra, le seuil entre les émotions du « bas » et le coté spirituel - La gorge, visshuda chakra - Le front, ajna chakra - La porte vers l’absolu, sur le sommet de la tête ou plutôt au dessus, Sahasrara.

Et cet axe, le long duquel se situe toutes nos émotions, est notre arbre de vie, l’axe de notre vie et le support d’un certain nombre de pratique. On dit que cet axe résume à lui seul toute la vie humaine : cet axe se nomme la sushumna, parfois considérée comme superposée à la colonne vertébrale mais c’est inexact : cet axe part de la fontanelle et va jusqu’au périnée (ou le contraire ;-). A cela, il suffi de rajouter la notion faire "la lumière sur cet axe" et de comprendre que les expériences de la vie, notre évolution intérieure du fait de la pratique mais aussi de nos expériences de vie, nous transforme. Pour certains, radicalement, pour d'autres graduellement. Vous entrez en contact avec le processus qui porte le nom de Kundalini « la Lovée » car cela est symbolisé par un cobra endormi, enroulé à la base de l’axe de vi, la Sushumna et au fur et à mesure des prises de conscience, cette Kundalini se déploie, perçant symboliquement ces chakras. Voilà tout… pas de magie là-dedans, pas de choses extraordinaires comme on voit parfois autour des chakras, dans des pratiques douteuses ésotérico-magiques, pas de fantasmes !

Dans la Tradition du Yoga tantrique, il y a juste l’expérience, l’observation, la compréhension, l’intégration de ce qu’est l’expérience humaine soutenue par la plus belle des symboliques et la confiance en la Vie. Un puissant sentiment de Vie (que certains nomment Bonheur dans l'autre monde) que l’on ressent dans chacune de nos cellules, puisque si nous sommes ici, c’est pour vivre cette expérience humaine. Quelle qu’elle soit. Être avec ce qui Est.


OM.

Satya- Sandra - Votre enseignante dévouée... avec le coeur surtout.

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