Que signifie ce nom étrange, Virabhadrasana ?
Le nom de cette posture vient de Virabhadra, un guerrier légendaire dont Kalidasa nous raconte l’histoire dans la pièce Kumarasambhava, qu’il a écrite au Vème siècle.
Son nom même est tout un programme, puisque « vira » signifie « héros », et « bhadra », « vertueux, favorable » … Pensez-y lorsque vous êtes en pleine posture, il vous faut honorer ce nom !
L’auteur Kālidāsa est le nom le plus célèbre de la littérature sanskrite.
D’ailleurs, dès que son œuvre fut connue en Europe, elle suscita l’enthousiasme des romantiques. En Inde même il est cité très tôt, à partir du VIIe siècle, comme le premier poète, modèle de toute perfection littéraire, miroir fidèle de l’idéal hindou.
Histoire de Virabhadra
Fille du grand roi Daksha, Sati était connue pour sa beauté et sa divinité. Elle tomba amoureuse du Seigneur Shiva. Shiva, le grand maître des yogis, barbouillé de cendres, de dreads emmêlées, orné de guirlandes de crânes, vivant près des bûchers funéraires, n’était pas l’époux idéal dont le roi avait rêvé pour sa fille, mettez-vous à sa place !
Shiva, temple de Murudeshwar, dans le Karnataka (Sud Ouest de l’Inde).
Le roi Daksha refusa donc la demande de sa fille Sati. Mais l’amour de cette dernière était si fort et qu’elle s’enfuit du royaume pour rejoindre Shiva.
Un jour, le roi organisa la grande cérémonie traditionnelle du sacrifice des chevaux et y invita tous les dieux … à l’exception de Sati et Shiva.
Sati fut blessée par le comportement de son père et décida de se rendre malgré tout à la cérémonie sans son invitation. Le seigneur Shiva, qui se doutait que les choses tourneraient mal, lui conseilla de ne pas y aller … mais Sati passa outre cet avis judicieux.
À son arrivée, son père l’insulta, elle et son époux, devant tout le monde. Ulcérée par ce manque de respect en public, elle lui jeta : « Puisque c’est toi qui m’as donné ce corps, je ne souhaite plus y être associée. » Elle marcha vers le feu sacrificiel déjà allumé et s’y jeta.
Lorsqu’il l’apprit, la colère de Shiva fut terrible, au point de perturber le monde. Il arracha une mèche de ses cheveux et la jeta par terre avec fureur.
De la Terre, jaillit Virabhadra : avec un corps grand et musclé atteignant les cieux les plus hauts, il était aussi sombre que les nuages orageux, avec trois yeux brûlants et des cheveux fougueux (oui !). Il portait également une guirlande de crânes et avait des armes terribles. Ce guerrier était un condensé de la fureur et de la douleur de Shiva.
Shiva lui ordonna d’aller sur les lieux pour y tuer Daksha et ses hôtes.
Virabhadra coupa la tête du roi Daksha. Mais Shiva ressentit finalement de la compassion envers le roi, et lui donna une tête de chèvre en remplacement de sa tête d’origine !
De nombreuses forces s’élèvent alors contre Virabhadra, mais il parvient à remplir sa mission : ramener le corps de Sati dans la demeure de Shiva, en haut de l’Himalaya. Grâce à son courage, à sa persévérance, à sa foi en Shiva, il a réussi à accomplir cette tâche difficile.
Interprétation symbolique
La richesse de ce geste est immense, nous n’allons pas ici l’étudier en détail, mais nous pouvons ouvrir quelques pistes.
Par exemple, nous voyons que le brahmane Daksha était très attaché à l’ordre établi, à la morale tandis que Shiva peut symboliser la puissance de destruction et la transgression des règles. Au-delà des conventions et de la morale, il est vénéré et craint.
Quant à Sati, nous pouvons considérer que sa colère fut telle qu’elle s’immola par son propre feu intérieur.
En ce qui concerne Virabhadra lui-même, cette légende nous dit qu’il n’est pas facile d’être un guerrier de lumière, surtout lorsque nous devons nous efforcer de faire progresser notre esprit et nos habitudes, nos démons intérieurs, contre notre peur aussi. Le guerrier en nous devrait travailler pour nous tirer le meilleur parti dans toutes les situations.
La posture du guerrier nous rappelle que la férocité existe non seulement pour détruire, mais aussi pour cultiver la force nécessaire pour atteindre l’intégrité, la compassion et l’amour.
Et la force n’est pas une violence dirigée contre autrui, il s’agit de la force morale et physique nécessaire pour dépasser nos limites ; n’oublions pas que Svatmarama, dans le Hatha Yoga Pradipika, définit le yoga comme « effort violent ».
Bienfaits de Virabhadrasana II
Bienfaits physiologiques de Virabhadrasana II :
Cette posture étire la poitrine, donc améliore la capacité pulmonaire et renforce les bras.
Par son action sur les bras, elle aide à soulager le syndrome du canal carpien (et le pseudo syndrome carpien durant la grossesse).
Rend les épaules et le cou plus souples.
Renforce et étire les jambes et les chevilles.
Développe la flexibilité des cuisses et les tonifie.
Développe la flexibilité des hanches et des genoux
Aide à régler les douleurs au sacrum.
Soulage les douleurs du bas du dos (notamment lors de la grossesse, mais il faut la pratiquer assis sur une chaise ) et agit en prévention de la sciatique.
Est bénéfique en cas de glissement de disques intra vertébraux.
Tonifie les abdominaux.
Stimule les organes internes abdominaux (comme les reins, les intestins, l’appareil reproducteur …)
Bienfaits énergétiques de Virabhadrasana II :
C’est une posture debout, vous devez donc être ancré fermement sur vos pieds ; et, en ce qui concerne vos jambes, vous devez sentir l’énergie monter depuis la cheville jusqu’au genou, pour aller ensuite dans vos hanches.
Cette posture vous aide à développer votre force et votre endurance, mais pas seulement d’un point de vue physique.
Lorsque vous êtes en Virabhadrasana II, ressentez que l’énergie pour tendre vos bras et tenir la posture vient de Anahata, le chakra du cœur : c’est le siège de l’équilibre corporel, mais aussi la jonction entre les trois centres psycho-émotionnels inférieurs et les trois centres mentalo-spirituels supérieurs. Cette belle dimension horizontale de générosité, de partage, d’incarnation.
Ressentez que toute votre énergie vient de cette roue d’énergie, ce chakra du cœur, pour insuffler force et prana à toute la posture. Vous verrez l’énergie que cela donne à vos bras !
Vous sentirez ainsi se développer en vous votre force intérieure et la confiance en vous qui l’accompagne.
Il est important, pendant cette posture, de détendre consciemment le cerveau, et d’avoir un regard doux, comme si vos yeux se trouvaient à l’arrière de votre tête;
Contre-indications de Virabhadrasana II
Ne pratiquez pas si vous souffrez de :
Problèmes cardiaques, palpitations, ou bien mettez les mains sur les hanches, ou faites la posture à l’aide d’une chaise.
Ménorragie (règles anormalement longues) ou métrorragie (pertes de sang en-dehors des règles).
Technique posturale pour Virabhadrasana II
Prise de posture :
Placez-vous en Tadasana, la posture de la montagne.
Inspirez sautez, écartez d’environ 1,50 m. Plus vous êtes grand, plus vous écartez les jambes, et inversement ; les pieds sont parallèles entre eux.
Sur une inspiration, étirez les bras depuis le centre de la poitrine, pour ouvrir la poitrine et expanser le coeur, en ligne avec les épaules ;
les paumes sont tournées vers le sol pour capter l’énergie de la terre. Les épaules, les bras, les mains et les doigts sont sur la même ligne.
Gardez les bords internes des deux pieds bien parallèles.
Tournez le pied gauche de 30° vers l’intérieur, jambe droite/pied droit à 90° vers l’extérieur.
Il doit y avoir une ligne droite entre le milieu du pied arrière et le talon / et l’espace entre les 2ème et 3ème orteil du pied avant.
Pressez et étalez sur le sol chaque orteil de vos 2 pieds.
Remontez consciemment les côtés internes de vos cuisses vers votre poitrine.
Montez les quadriceps, poussez la cuisse gauche vers l’arrière, en vérifiant qu’elle est bien tendue, la rotule montée. Si votre rotule s’affaisse, votre poitrine va se creuser au lieu de s’expanser, ce qui peut donner lieu à des sensations d’engourdissement ou de fourmillements dans les bras.
Pressez le talon gauche sur le sol et étirez la jambe gauche. Assurez vous que le poids de votre corps repose bien sur votre talon droit, et pressez les doigts de pieds sur le sol.
Tournez le haut de la cuisse droite vers l’extérieur, alignez le tibia et le fémur entre eux, tout en pressant le bord interne du pied droit dans le sol.
Les muscles du mollet doivent eux aussi monter.
Etirez le sacrum vers le coccyx, absorbez le coccyx vers l’intérieur, absorbez le fessier droit vers l’avant,
Expirez et pliez la jambe droite à partir de l’aine à 90°, tibia perpendiculaire au sol, fémur parallèle au sol.
Tenue de la posture :
Respirez calmement et amplement, depuis le périnée jusqu’au clavicules.
Tenez la posture de 30 secondes à une minute pour les plus avancés.
Regardez à partir de l’arrière de la tête vers les doigts de la main droite, regard détendu et calme.
Sortie de posture :
Inspirez, étirez le bras arrière et tendez la jambe avant.
Changez de côté.
Répétez cette posture de l’autre côté.
Puis expirez et sautez ou ramener les pieds pour retourner en Tadasana.
Je vous rappelle qu’il est préférable, pour toute pratique, d’être guidé par un Yogi initié et compétent ! 500 Heures d'études dans le Yoga c'est comme faire 1 mois d'étude pour devenir avocat !!!!
Pratiquez bien et puissamment !
Inspiré du travail de fin d'étude de Céline. OM.
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